mardi 10 mars 2020

Chapitre 3. La dynamique des zones de divergence lithosphérique (1ère Spé SVT)

Deux grands types de dorsales

Avec les calculs du chapitre précédent, nous avons vu qu'il existe deux grands types de dorsales, les dorsales lentes et les dorsales rapides. On peut considérer qu'une dorsale lente, type médio-Atlantique, correspond à une vitesse d'expansion de 4/5 cm par an. Dans le cas des dorsales rapides, type Est-Pacifique, on est plutôt à des vitesses supérieures à 10 cm par an.
Cette différence de vitesse est le signe d'une différence de fonctionnement et donc d'une différence de morphologie.
Une dorsale lente présente un rift, c'est à dire une grande vallée centrale volcanique de plusieurs kilomètres de large bordée de falaises dues à l'activité de failles normales. le dénivelé peut atteindre 2000 mètres.Une dorsale rapide est constituée d'un dôme de quelques centaines de mètres de haut. Il n'y a pas de rift.


Fonctionnement d'une faille normale (d'extension)



Les mesures thermiques au niveau des dorsales

Nous avons vu qu'il existe deux méthodes pour enregistrer  les phénomènes thermiques du globe :
— calculer le flux géothermique à partir des sondages effectués
— utiliser la tomographie sismique qui permet de connaître l'état du matériau et donc d'évaluer sa température.
Les deux méthodes donnent le même résultat : un flux de chaleur important se trouve au niveau des dorsales, l'anomalie la plus importante se situant juste en dessous de la surface.

 Tomographie sismique au niveau de l'Atlantique sud


Interprétation de la zone centrale de la dorsale

Afin de comprendre ce qui se passe au niveau de l'axe de la dorsale, on a effectué des mesures de sismique réflexion (cf exercice sur la profondeur du Moho) en faisant exploser de petites charges.
On constate qu'il existe une modification de la nature et de la vitesse des ondes dans une zone située au dessus du Moho. On appelle cette zone la chambre magmatique même si le magma, au sens strict, n'occupe qu'un tout petit volume en haut de cette chambre. Le reste est occupé par du matériau plus ou moins fondu partiellement.

Profil de sismique réflexion dans la dorsale est-Pacifique

 
Interprétation du profil 


Origine de la chambre magmatique

On a vu que les dorsales étaient des zones à fort flux géothermique. Pour simplifier, il faut imaginer que la Terre fonctionne comme une gigantesque cocotte-minute. Les dorsales servent à libérer l'énergie interne de la planète. Lorsqu'on observe les isothermes à différentes profondeurs, on constate que les dorsales sont des zones d'anomalies thermiques positives.
Cette augmentation de température entraine la fusion de la péridotite mantellique qui devient moins dense et à tendance à remonter vers la surface. C'est ainsi que se forme chambre magmatique (voir TP sur la fusion de la péridotite).

Isothermes dans la zone de dorsale

Diagramme de fusion de la péridotite

Les dorsales rapides

Elles sont caractérisées par l'existence d'une chambre magmatique importante. Le basalte éjectée refroidit très rapidement sous forme de boule. On parle de basalte en coussin ou pillow-lava.

Coupe d'une dorsale rapide


Pillow-lavas dans la zone d'Hawaï


Pillow-lavas émergés sur les côtes de Californie


Les dorsales lentes

La dorsale médio-atlantique est l'exemple-type de la dorsal lente. La différence la plus importante entre les deux types est la rareté des chambres magmatiques dans les dorsales lentes. La remontée du magma étant très peu importante, la mise en place dela croûte océanique se fait surtout par intrusion magmatique
La dorsale médio-Atlantique apparait en surface au niveau de l'Islande. C'est le seul cas connu de dorsale émergée.
Dans tous les types de dorsale le dynamisme magmatique est effusif.

Coupe d'une dorsale lente


Carte géologique simplifiée de l'Islande


Rift de Thingvellir en Islande


L'hydrothermalisme et l'hydratation de la lithosphère

En 1977, une équipe américaine découvre dans les zones de dorsales, l'existence de cheminées hydrothermales qui rejettent un fluide à haute température (jusqu'à 350 °C) chargé d'éléments  provenant de la croûte.
Plus étonnant, ces cheminées hydrothermales sont le siège d'une vie intense et spécifique à ces zones. Il s'agit du seul écosystème connu ne dépendant pas de l'énergie solaire mais de bactéries chimiosynthétiques.
Ces cheminées hydrothermales sont alimentées par l'eau océanique qui s'infiltre dans les fissures de la croûte et est chauffée par le magma.

Schéma d'une cheminée hydrothermale


Cheminée hydrothermale sur une dorsale


Cheminée hydrothermale


Les "oasis" des grands fonds



Riftia pachyptila, l'animal le plus caractéristique de ces zones (environ 2,5 mètres)


L'hydratation des roches

On a vu qu'une circulation d'eau s'installe très rapidement dans la croûte et dans toute la lithosphère. Cela signifie que les roches vont être hydratées. L'hydratation provoque une modification chimique des minéraux présents. Plus la lithosphère s'éloigne de la dorsale plus cette transformation est importante.
La péridotite hydratée prend le nom de serpentinite.
Le gabbro est constituée de pyroxènes et de plagioclases. Si ces derniers résistent bien à l'hydratation, les pyroxènes se transforment en amphiboles.

Les phénomènes d'hydratation de la llthosphère océanique


Echantillon de serpentinite


Lame mince de serpentinite en LPA


Echantillon de gabbro à amphiboles


Lame mince de gabbro à amphiboles en LPNA. Une auréole d'amphibole entoure le pyroxène qui s'hydrate.






VIdéo (chapitre 2). Mouvement des plaques lithosphériques (1ère Spé SVT)


Normalement pour le collège, mais de très bon niveau et très utile.

Exercice (chapitre 1). Reconnaître une roche (1ère Spé SVT)

A partir des différentes informations qui vous sont données, proposez un nom pour cette roche et indiquez son origine et son mode de formation.


Chapitre 4. La dynamique des zones de convergence lithosphérique (1ère Spé SVT)

Convergence et divergence lithosphérique

Le volume de la Terre étant à peu près constant, s'il y a création de lithosphère au niveau des dorsales, dans les zones de divergence lithosphérique, il y a disparition de lithosphère dans les zones de convergence. On distingue deux grands types de zone de convergence :
— les subductions, si au moins une des deux plaques est constituée de lithosphère océanique
— les collisions, si les deux plaques sont constituées de lithosphère continentale

Convergence et divergence lithosphérique



Carte du Japon


Le volcan Sakurajima au Japon



Carte des Petites Antilles


Le volcan de la Soufrière de Montserrat, à 80 km de la Guadeloupe, en activité quasi-continue depuis 1995.


Carte de l'Amérique du sud. La chaîne des Andes longeant le Pacifique, présente de nombreux volcans particulièrement dangereux. C'est une chaîne de subduction


Le volcan Tungurahua depuis Ambato en Equateur à plus de 5000 mètres. En activité continue depuis 1999 avec des accalmies et des reprises.


Le Cotopaxi en Equateur à près de 6000 mètres d'altitude. Considéré comme très dangereux,sa dernière éruption date de 2016.


Carte des Alpes. Chaîne de collision


Paysage des Alpes Autrichiennes


Les marqueurs des zones de subduction

Les zones de subduction sont caractérisées par la présence d'une forte activité magmatique (volcanisme) et d'une forte activité sismique comme le montre la carte suivante.


Nous allons travailler sur deux zones :
— la subduction des îles Tonga et Kermadec
— la subduction du Pérou


Une coupe sismique avec un logiciel (Sismolog ou Tectoglob) peut s'interpréter de la façon suivante :


On constate une répartition très particulière des séismes qu'on appelle le plan de Benioff-Wadati. C'est en effet le géologue américain Benioff qui a remarqué en 1949 la répartition très surprenante des séismes dans certaines zones du globe. En 1949, on ne connaissait pas la tectonique des plaques et on pensait que les continents avaient toujours occupé la même place. Il a fallu attendre les années 1970 pour interpréter ce plan de Benioff comme la matérialisation d'une subduction.

Coupe sismique au niveau des Tonga-Kermadec


Coupe sismique au niveau du Pérou


On peut utiliser aussi la méthode de tomographie sismique pour étudier les mêmes zones

Tomographie sismique au niveau du Pérou


Tomographie sismique au niveau des Tonga-Kermadec


Sur les tomographies sismiques, on remarque nettement qu'un matériau froid plonge dans le manteau plus chaud. Si on estime l'épaisseur de cette zone froide, on constate qu'elle fait environ 100 km. Sachant que la croûte océanique ne mesure que 10 km d'épaisseur environ, cela oblige a admettre qu'une plaque est lithosphérique et qu'elle est constituée de matériaux crustaux et mantelliques.
Ces zones de subduction sont caractéristiques des océans à marge active, caractérisés par une fosse océanique et une activité magmatique et sismique intense.

Coupe en 3D de la subduction andine au niveau du Chili qui montre les éléments caractéristiques


L'activité magmatique des zones de subduction

Les séismes les plus importants ont lieu dans les zones de subduction (Chili 1960, magnitude 9,5 ; Sumatra 2004, magnitude 9,3 ; Japon 2011, magnitude 9,1).
Les volcans les plus dangereux sont aussi dans les zones de subduction. Les volcanologues les appellent les volcans gris du fait de la couleur claire de la roche. Actuellement les volcans les plus menaçants se situent en Indonésie.

Les roches éruptives formées dans les zones de subduction

Cette couleur claire s'explique par la forte présence  de silice (SiO2) dans les laves émises par ce type de volcans. Plus une lave est riche en silice et plus elle est de couleur claire et visqueuse. C'est cette viscosité élevée qui explique le dynamisme explosif des éruptions.

Caractéristiques des différentes laves


Tableau de la composition chimique des laves


Echantillon d'andésite

Lame mince d'andésite en LPA


Echantillon de rhyolite


Lame mince de rhyolite en LPA


Les roches plutoniques formées dans les zones de subduction

Nous avons vu que les roches magmatiques se divisent en roches éruptives ou volcaniques qui refroidissent rapidement à la surface et les roches plutoniques qui refroidissent lentement en profondeur et ont le temps de lentement cristalliser.
Lors de la remontée du magma, une grande partie de ce magma n'arrive pas à la surface et refroidit en profondeur. Il donne donc naissance à une roche plutonique dont la composition minéralogique  est la même que la roche éruptive rapidement refroidie en surface.
On peut docn construire un tableau des séries magmatiques comme ci-dessous :


Ces roches plutoniques forment souvent des masses importantes de roches refroidies en profondeur appelées plutons. Ces plutons apparaissent en surface par érosion des roches encaissantes (qui l'entourent) plus tendres. Un des sites les plus impressionnants est le Half Dome  du parc de Yosemite dans la Sierra Nevada aux USA, qui est un énorme pluton de granodiorite. La granodiorite est une roche qui fait partie du groupe des granitoïdes, assez proche du granite.

Vue du Half Dome


Vue du Half Dome


Echantillon de granodiorite


Lame mince de granodiorite en LPA


Pourquoi y a t-il du magmatisme dans les zones de subduction ?

Nous avons vu que la lithosphère s'hydrate de plus en plus au cours de son déplacement depuis la dorsale vers la subduction lorsque aa densité est suffisante (voir TP).
Au cours de ce transit, les minéraux des roches s'hydratent de plus en plus mais lorsque la lithosphère va s'enfoncer au niveau de la subduction, la pression et la température vont augmenter et par conséquence les minéraux vont, alors, se déshydrater.
Nous allons nous intéresser au gabbro. Cette roche est donc transformée et on parle alors de métamorphisme. La roche est donc un métagabbro.
On définit, en général, trois faciès (trois aspects) à ce métagabbro :
— le faciès schiste vert correspond au trajet océanique, c'est donc la face d'hydratation
— le faciès schiste bleu
— le faciès éclogitique (le métagabbro s'appelle alors l'éclogite), ces deux faciès correspondent à l'arrivée au niveau de la subduction et donc à la phase de déshydratation.

Tableau résumant le métamorphisme de subduction


Echantillon de métagabbro de faciès schiste vert


 Echantillon de métagabbro de faciès schiste bleu


Lame montrant une auréole de glaucophane autour d'un pyroxène en LPNA


Echantillon d'éclogite. Les cristaux de grenat sont de couleur rouge


Lame mince d'éclogite en LPA


On peut résumer le trajet d'un métagabbro depuis la dorsale jusqu'à la subduction sur le diagramme PT suivant. la légende précise l'association des minéraux dans chaque zone.


L'étude des isothermes du globe dans une zone de subduction, montre deux anomalies thermiques :
— une anomalie négative au niveau de la fosse
— une anomalie positive à l'aplomb de la chaîne volcanique
C'est cette dernière qui explique en partie l'apparition du magma dans cette zone, mais seule, l'anomalie thermique serait insuffisante

Les isothermes au niveau d'une zone de subduction

 La fusion partielle de la péridotite

Le document suivant présente le comportement de la péridotite en fonction de la pression et de la température selon qu'elle est ou non hydratée.
On constate qu'une péridotite sèche (anhydre) ne peut pas fondre dans des conditions de subduction alors qu'une péridotite hydratée le peut.


Le tableau suivant confirme cette hypothèse puisqu'on constate qu'une péridotite de zone de subduction présente plus de minéraux hydratés qu'une péridotite de dorsale.


la question qui se pose alors est la suivante : d'où provient l'eau qui hydrate la péridotite ?
Nous avons vu que lors de l'enfoncement de la plaque subduite sous la plaque chevauchante, elle se déshydratait. C'est l'eau perdue par la plaque qui va hydrater la péridotite, lui permettant de fondre partiellement et de former un magma.

Les différents types de magma

Nous avons vu qu'il existe deux grands types de subductions,les subductions océan/océan et les subductions océan/continent. La différence de ces subduction entrainent une différence dans le matériau magmatique formé.
En outre, un second phénomène explique le richesse du magma en silice dans certains cas : lorsque le magma à près de 1000 °C traverse la croûte continentale, il en fait fondre une partie qui se mélange à lui et se charge en minéraux, appelés xénocristaux (étymologiquement, cristaux étrangers). On appelle ce phénomène, la contamination crustale.

Les chaînes de collision

Contrairement à ce qui se passe dans une zone subduction, lorsque deux lithosphères continentales s'affrontent, elles ont une densité équivalente. C'est ce qui explique l'apparition de reliefs positifs parfois très importants comme dans la chaîne de la Himalaya où 14 sommets dépassent 8000 mètres.

Une vue du massif de l'Anapurna depuis le Népal


Quelques indices de l'épaississement et du raccourcissement de la croûte continentale dans les chaînes de collision

Ces affrontements crustaux se traduisent par un certain nombre d'accidents tectoniques, marqueurs d'une compression, dont nous retiendrons trois types qui peuvent avoir des ampleurs variées.
— les plis dans des roches assez plastiques (déformables) comme les roches sédimentaires,

Un pli dans les Préalpes calcaires


Une série de plis dans le Jura


— les failles inverses qui apparaissent dans des roches moins plastiques comme les roches cristallines (magmatiques)

Une faille inverse dans le massif des Corbières


Interprétation de la même faille


— les nappes de charriages qui entrainent le déplacement et la superposition anormale d'ensembles de roches de volume très important.

La nappe de charriage de Glaris (Alpes suisses) mesurent plusieurs dizaines de kilomètres


Interprétation de la nappe de charriage de Glaris


Schémas des indices de compression


Une coupe sismique dans une chaîne de collision : le programme ECORS dans les Alpes

Afin de préciser la structure de la chaîne des Alpes, un programme appelé ECORS (Etude Continentale et Océanique par réflexion et réfraction sismiques) a pu établir des coupes sismiques à travers la chaîne.
On peut constater que deux lithosphères s'affrontent, celle de la Plaque Européenne et celle de la Plaque Adriatique (en fait, une partie de la Plaque Africaine). Le Mont Cervin en Suisse est en fait une partie de la Plaque Africaine.

Le profil sismique des Alpes et son interprétation


 Le Mont Cervin en Suisse, fragment de la Plaque Africaine


On peut constater sur la coupe que le Moho s'enfonce profondément dans le manteau lithosphérique.


Dans le cas de l'Himalaya, la Plaque Indienne s'enfonce tellement qu'il se crée une véritable "subduction continentale", même si le terme n'a rien à voir avec les phénomènes de subduction océanique que nous avons vu précédemment.

La "subduction continentale" sous l'Himalaya observée par tomographie sismique


Les ophiolites, fragments de lithosphère océanique transportés en milieu continental

Une chaîne de collision comme les Alpes est née de la fermeture d'un océan préexistant qu'on appelle "Océan Alpin".  A la fin de la fermeture, la lithosphère océanique de ce paléo-océan s'est retrouvée prise en sandwich entre la Plaque Européenne et la Plaque Adriatique. C'est ce qui explique qu'on trouve, par exemple au col du Chenaillet, à 2600 mètres d'altitude, la succession de roches d'une lithosphère océanique, pillow-lavas, gabbros, péridotites hydratées (serpentinites). On appelle de telles structures des ophiolites.

La série ophiolitique du Chenaillet à côté de Briançon


Les pillow-lavas du Chenaillet


Comparaison entre une ophiolite et une lithosphère océanique